A l’invitation de Louis de Broissia les sénateurs membres du groupe d’information sur le Tibet se sont réunis en urgence, le mercredi 26 mars, en présence de M. Jampal Chosang, Représentant en France du Dalaï-Lama.
A l’issue de cette réunion le groupe sénatorial a présenté sa position sur les récents événements au Tibet et dégager des propositions d’actions que vous pouvez retrouver ci-dessous.
26 mars 2008 : Urgence au Tibet : le groupe d'information du Sénat fait ses propositions
1. Les sénateurs regrettent que la Déclaration des parlementaires français sur le dialogue entre le gouvernement chinois et les envoyés du Dalaï-Lama, qui avait été signée au printemps 2007 par 171 députés et par 129 sénateurs, soit plus du tiers de l’effectif total du Sénat, n’ait pas été entendue en temps utile par les autorités chinoises, car elle aurait certainement permis d’éviter l’effusion de sang de ces derniers jours.
2. Les sénateurs considèrent qu’il ne convient pas, pour l’instant, d’appeler au boycott des Jeux Olympiques de Pékin car, sans rien changer à la situation sur le terrain, un tel boycott accentuerait la fermeture du régime communiste chinois et lui laisserait les mains libres pour s’adonner à la répression. Toutefois, la menace du boycott, et notamment des cérémonies d’ouverture et de clôture, doit être utilisée comme un levier de pression sur les autorités chinoises pour les convaincre de relâcher leur étau sur le Tibet. Les Etats membres de l’Union européenne doivent s’entendre pour parvenir à une attitude commune sur la question du boycott.
3. Symboliquement, les sénateurs appellent tous les élus locaux de France à arborer le drapeau tibétain au fronton des édifices publics, afin de manifester de manière éclatante le soutien du peuple français au peuple tibétain.
4. Déplorant que, selon toute vraisemblance, des actes de violence aient été commis par certains manifestants tibétains à l’encontre des Chinois d’ethnie Han, les sénateurs estiment que ces violences, sans être excusables, sont explicables par l’immense ressentiment accumulé au cours de plusieurs décennies d’occupation. Les sénateurs considèrent que le Tibet se trouve aujourd’hui dans une situation coloniale, où les Tibétains n’en peuvent plus d’être ignorés, méprisés, et minoritaires dans leur propre pays.
5. Les sénateurs affirment que, désormais, l’urgence est de protéger les manifestants tibétains d’une répression manifestement hors de proportion avec les délits qui leur sont imputés. Soutenant l’appel lancé par le Premier Ministre du Gouvernement tibétain en exil, le Professeur Samdhong Rinpoché, ils demandent qu’une délégation pluraliste de la Commission des droits de l’homme des Nations unies soit dépêchée pour enquêter sur les événements récents dans toutes les régions concernées.
6. Les sénateurs rappellent que les trois résolutions condamnant les suites de l’annexion du Tibet par la Chine, qui ont été votées par l’Assemblée générale des Nations unies en 1959, 1960 et 1965, peuvent fournir une base juridique de départ pour que la question tibétaine soit évoquée de nouveau devant les instances de l’ONU.
7. Les sénateurs considèrent que les démocraties doivent user de tous les moyens diplomatiques à leur disposition pour ramener les autorités chinoises à la table de négociation avec les envoyés du Dalaï-Lama, sans exclure la menace d’une reconnaissance du Gouvernement tibétain en exil, au cas où la Chine persisterait à refuser ce dialogue.
8. Forts des contacts qu’ils ont su établir au cours des années passées avec les autorités chinoises, les sénateurs membres du groupe d’information sur le Tibet ont bon espoir que l’ambassadeur de Chine en France accepte de les recevoir, afin qu’ils puissent lui présenter leur position et leurs suggestions. Ils vont lui demander, notamment, qu’une délégation de sénateurs soit invitée à se rendre dans les plus brefs délais à Lhassa et à Pékin.
9. Les sénateurs souhaitent urgemment être reçus par le Président de la République pour lui présenter leurs recommandations. Ils communiqueront par écrit celles-ci au Ministre des Affaires étrangères et à la Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme. Ils vont également s’adresser directement au Secrétaire général des Nations unies, ainsi qu’au Haut Représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune.
10. Informés que le Dalaï-Lama sera présent en France au mois d’août 2008, les membres du groupe d’information lui ont adressé une invitation à venir au Sénat. Ils suggèreront au Président de la République de le recevoir officiellement à l’Elysée, considérant que la France ne peut plus rester en retrait par rapport aux autres démocraties occidentales.
11. Les sénateurs considèrent que la France, qui va bientôt exercer la présidence de l’Union européenne, a la responsabilité d’entraîner ses partenaires européens pour adopter une politique commune sur la question tibétaine, qui soit à la fois ferme et constructive. Cette politique devrait, notamment, comporter l’instauration d’un médiateur pour le Tibet au sein des institutions européennes.
12. Enfin, les sénateurs proposent qu’une délégation du groupe d’information du Sénat se rende à Dharamsala, en Inde, pour y rencontrer le président de l’Assemblée des députés du peuple tibétain, le Premier ministre du Gouvernement tibétain en exil, ainsi que le Dalaï-Lama. Ils recommandent que l’Assemblée des députés du peuple tibétain soit admise avec un statut d’observateur au sein de l’Union Interparlementaire, organisme international qui regroupe la quasi-totalité des parlements de la planète.
Pour l’instant, la Chine semble avoir perdu la bataille médiatique dans l’opinion mondiale, à l’occasion des Jeux Olympiques. Elle peut encore restaurer son image, en cessant la répression au Tibet et en engageant sans délai un vrai dialogue avec le Dalaï-Lama.